Perturbateurs endocriniens environnementaux et cancers hormonodépendants. de nouveaux facteurs de risque ?
Perturbateurs endocriniens environnementaux et
cancers hormonodépendants. De nouveaux facteurs
de risque ?夽
Environmental endocrine disruptors and hormone dependent cancers.
New risk factors?
P. Fénichel
a Service d'endocrinologie-reproduction-diabétologie-lipidologie, CHU de Nice, hôpital de
l'Archet, 151, route Saint-Antoine-de-Ginestière, BP 3079, 06202 Nice cedex 3, France
b Inserm U895, équipe 5, C3M, université de Nice-Sophia-Antipolis, Nice, France
Disponible sur Internet le 2 juillet 2011
MOTS CLÉS
La responsabilité des perturbateurs endocriniens environnementaux (PEE) comme
facteurs de risque dans la physiopathologie des cancers hormonodépendants s'appuie à la
fois sur : (1) l'exposition in utero au distilbène, un modèle expérimental humain involontaire
ayant entraîné chez la jeune fille, un cancer rare, le cancer du vagin, et chez la femme de
hormonodépendant ;
plus de 40 ans, un risque majoré de cancer du sein, le plus fréquent des cancers féminins ;
Xénoestrogène ;
(2) de nombreuses études épidémiologiques cas/contrôles qui, bien que d'interprétation dif-
Exposition fœtale ;
ficile et soumises à de nombreux biais, mettent en évidence une relation avec les taux de
PEE dans le sang, le tissu graisseux ou la tumeur (cancer du sein et biphényls polychlorés
[PCB], hydrocarbures polyaromatiques (PAH), dioxine ou organochlorés ; cancer de la pros-
tate et chlordecone ; cancer du testicule et PCB, hexachlorobenzène [HCB] ou chlordane) ;
(3) des modèles expérimentaux, permettant ainsi chez les rongeurs après exposition fœtale
ou périnatale au diéthylstilbestrol (DES), au bisphénol A, ou à l'atrazine de reproduire chez
l'animal adulte des lésions précancéreuses mammaires ou prostatiques ; (4) la possibilité
d'interférer in vitro sur la croissance de lignées de cellules malignes humaines avec le bis-
phénol A neutralisant l'efficacité de la chimiothérapie (sein) ou stimulant la prolifération
cellulaire (prostate, testicule). Bien que de nombreuses interrogations persistent, ces différents
夽 Article issu d'un colloque sur les perturbateurs endocriniens, organisé par le réseau environnement santé le 14 septembre 2010.
∗ Auteur correspondant.
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éléments orientent vers une nouvelle évaluation de la responsabilité carcinogénique des PEE,
prenant en compte les faibles doses, dans des fenêtres d'exposition critiques surtout fœtale, la
synergie entre les molécules et l'induction de modifications épigénétiques stables ne touchant
pas la structure du génome mais étant susceptibles de participer à la transformation maligne
et/ou à la promotion tumorale.
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The involvement of environmental endocrine disruptors (EED) in hormone
Endocrine disruptors;
dependent carcinogenesis is supported by: (1) in utero exposure to distilbene, a human expe-
Hormone dependent
rimental model which led to vaginal adenocarcinoma in the young daughter and an increased
risk of breast cancer after 40 years; (2) epidemiological case/control studies showing although
many confounders and methodological biais, a correlation between blood, adipose tissue or
tumoral EED levels and hormone dependent cancers (breast cancer and PCB, PAH and dioxine
levels; prostate cancer and chlordecone levels; testicular germ cell cancer and of PCB, HCB or
chlordane blood levels of the mothers); (3) experimental models able to induce in rodents after
fetal or perinatal exposure to diéthylstilbestrol (DES), bisphenol A or atrazine, adult breast or
prostate cancers; (4) in vitro malignant cell studies showing how EEDs like bisphenol A are able
to interfere with prostate, breast or testicular germ cell proliferation, apoptosis and survey. All
these reports suggest a reassessment of EED chemotoxicity during carcinogenesis which needs
to include low doses of EEDs with additive or synergistic mixture during critical windows of
exposure such as fetal or perinatal periods leading to stable epigenetic modifications which
do not change the genetic code but may participate to the malignant transformation and/or
promotion.
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différents mécanismes d'action, et au bout du compte pour
permettre la détermination réglementaire des seuils maxi-
Les données épidémiologiques humaines montrant une aug-
mums acceptables d'exposition quotidienne.
mentation de certains cancers, en particulier le cancer du
sein et de la prostate, l'impossibilité d'expliquer par des
facteurs génétiques la majorité de ces cancers, le carac-
Le cancer du sein
tère bien établi de leur hormonodépendance et l'expérience
du distilbène (un modèle expérimental humain involontaire
Une véritable pandémie
d'exposition in utero aux xénoestrogènes, ayant entraîné
chez la jeune fille un cancer rare l'adénocarcinome vagi-
Le cancer du sein est le plus fréquent des cancers fémi-
nal à cellules claires et chez la femme de plus de 40 ans
nins : un million de nouveaux cas par an dans le monde dont
un risque majoré de cancer du sein) ont suggéré depuis
40 000 en France soit 32 % des cancers féminins Il est res-
deux décennies de nouveaux facteurs de risque représentés
ponsable de 2 % des décès féminins soit la première cause
par les perturbateurs endocriniens environnementaux (PEE).
de mortalité féminine par cancer. Son incidence déjà impor-
Leur présence ubiquitaire dans l'environnement comme
tante est en augmentation régulière avec un doublement en
l'eau, l'air, l'alimentation et dans les milieux biologiques,
20 ans : 2 à 5 % par an selon les régions du monde (avec une
y compris le sang, le liquide amniotique, le lait maternel
grande disparité avec effectivement des zones à forte inci-
et le tissu adipeux où ils s'accumulent lorsqu'ils sont lipo-
dence comme l'Amérique du Nord, l'Europe, l'Australie et
philes, leurs effets souvent xénoestrogèniques leur
des zones de faible incidence comme l'Asie ou l'Afrique
aptitude à induire in vitro et chez l'animal d'expérience, un
suggérant déjà des facteurs d'environnement nutritionnels
effet cocarcinogène, invitent à analyser attentivement leur
ou autres. Cette hypothèse est renforcée par le fait que
participation éventuelle à l'étiopathogénie de ces cancers
moins de 10 % des cancers du sein sont familiaux et liés à
(sein, prostate, testicule). Nous étudieront particulière-
des mutations germinales transmissibles et par la constata-
ment ces trois cancers car ils partagent entre eux une
tion de variations d'incidence chez les migrantes comme les
incidence croissante, une estrogénodépendance classique
femmes d'origine asiatique s'installant aux État-Unis avec,
ou plus récemment reconnue, des données expérimentales
dès la seconde génération, une augmentation de l'incidence
d'exposition in vivo chez les rongeurs ou in vitro sur des
lignées cancéreuses humaines, soutenant l'implication des
PEE. Si ces différents éléments ont permis de passer d'une
Un cancer estrogénodépendant
simple hypothèse il y a une dizaine d'années, recomman-
dant le principe de précaution à une suspicion plus objective
Le sein est une glande estrogénodépendante dont le déve-
aujourd'hui, il reste beaucoup à faire pour évaluer exacte-
loppement démarre pendant la vie fœtale, se poursuit
ment leur caractère délétère pour la santé humaine, leur
pendant la péripuberté et les phases folliculaires mais dont
part de responsabilité dans la survenue de ces cancers, leurs
la différentiation ne se complète qu'au cours de la ges-
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Perturbateurs endocriniens environnementaux et cancers hormonodépendants
Figure 1.
Les xénoestrogènes : hormones stéroïdes utilisées dans l'élevage, médicaments à usage humain ou vétérinaire, polluants chi-
miques à usage industriel ou agricole, substances naturelles (phytoestrogènes ou produits fongiques). À noter l'analogie structurale entre
le distilbène, le bisphénol A, les PCB, et le DDT. .)
tation et l'allaitement. Le cancer du sein est un cancer
autres produits examinés Ces études se sont heur-
dont l'estrogénodépendance est depuis longtemps recon-
tées en fait à d'importants problèmes méthodologiques.
nue. Plusieurs facteurs de risque de cancer du sein sont liés
Brody et al. en font une analyse critique remarquable
à l'exposition aux estrogènes endogènes (puberté précoce,
mettant en évidence les difficultés d'évaluation fiable de
ménopause tardive, nulliparité, obésité, etc.) ou exogènes
l'exposition, la prise en compte insuffisante des facteurs
(contraception orale, traitement hormonal de la méno-
confondants comme les autres facteurs de risque du cancer
pause, alcool). Il était par conséquent tout à fait logique
du sein, le moment inadéquat du prélèvement par rap-
d'évoquer la responsabilité des PEE estrogénomimétiques.
port à la période critique d'exposition, les mesures uniques
face aux cocktails d'exposition et l'absence de véritables
marqueurs précliniques. Cette analyse critique a le mérite
environnementaux et cancer du sein
d'identifier les difficultés de ce type d'étude de corréla-
tion et de suggérer de nouvelles approches méthodologiques
Aussi depuis une quinzaine d'années des études épidémio-
afin d'évaluer objectivement la part de responsabilité
logiques d'exposition ont-elles tenté de corréler les taux
sanguins, graisseux ou tumoraux de PEE estrogénomimé-
Une des critiques majeures faites dans un premier temps
tiques avec la survenue du cancer du sein Dans la
par les toxicologues traditionnels concernait les doses de
revue de Brody et al. les auteurs en fonction de la
PEE retrouvées dans l'environnement. Celles-ci leur sem-
méthodologie des études retiennent des arguments solides
blaient, à première vue, particulièrement faibles comparées
en faveur surtout des hydrocarbures polyaromatiques, cer-
aux doses capables d'induire un effet notable en toxico-
tains organochlorés comme les biphényls polychlorés (PCB),
logie classique à savoir un effet génotoxique. Néanmoins,
la dieldrine l'hexachlorobenzène (HCB) et la
cette approche toxicologique n'intégrait ni la notion plus
dioxine une absence de lien retrouvée avec le
récente d'effet non génotoxique à faibles doses comme nous
DDE dérivé du DDT et une difficulté de conclure pour les
le verrons plus loin, ni la notion de bioaccumulation, de
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mélanges synergiques, de susceptibilité individuelle, ni celle
d'organochlorés chez une femme représente un marqueur
de fenêtre d'exposition.
de risque lié à une détoxification imparfaite en rapport avec
une susceptibilité génétique particulière. Ces composés sont
en principe métabolisés par des enzymes de la famille des
cytochromes P450 puis détoxiqués par conjugaison en glu-
Il est en effet important de tenir compte lors de l'exposition
curonides sous l'effet de la glutathione-S-transférase (GST).
prolongée à ces produits souvent lipophiles, de leur bioac-
Or, des polymorphismes gènes P450 CYP 1A1 et CYP
cumulation dans le tissu graisseux comme cela a été bien
1A2 et GST ont été rapportés associés aux tumeurs du sein.
montré dans le monde animal Ainsi, il a été montré dans
Les taux élevés d'organochlorés servent alors de révélateur
le lac Ontario que la concentration des PCB étaient multi-
d'un sous-groupe à susceptibilité génétique à développer
pliés par un facteur 106 entre le plancton et le tissu graisseux
un cancer du sein. Plusieurs études ont rapporté une cor-
du goéland argenté qui se nourrit de poissons du lac
rélation significative entre les taux de PCB et la survenue
Ces produits sont donc progressivement libérés dans le sang
de cancer du sein chez les femmes présentant un polymor-
à partir du tissu graisseux avec des possibilités de fortes
phisme du gène codant pour CYP 1A1 Hoyer et al.
concentrations locales comme dans la graisse mammaire.
rapportent une corrélation pour les PCB chez les femmes
présentant un polymorphisme de P53, un gène suppresseur
L'effet « cocktail »
très impliqué en cancérologie. Muscat et al. trouvent
une corrélation avec les PCB que pour les tumeurs graves et
Un autre aspect important qui apparaît depuis peu dans
récidivantes et Demers et al. les tumeurs graves
les travaux publiés est de considérer l'ensemble des molé-
et exprimant le récepteur ER␣. Hoyer et al.
cules chimiques environnementales auxquelles un individu
la dieldrine, un pesticide organochloré, seulement pour les
est soumis tout au long de son existence, ce que les
tumeurs ER␣ négatif.
Anglo-Saxons appellent « mixture ». Le dosage d'un seul
de ces facteurs ne permet pas d'appréhender objective-
La fenêtre d'exposition
ment la toxicité, par exemple l'estrogénicité, à laquelle
il a été soumis. L'effet de ces molécules peut en effet
Les études retrouvant une corrélation entre le cancer du
s'additionner ou se potentialiser Ainsi, utilisant un mar-
sein et la présence de tel ou tel produits organiques persis-
queur d'exposition globale aux xénoestrogènes, basé sur la
tants (POP) dans le sang ou le tissu graisseux, concernent
prolifération de cellules cancéreuses mammaires in vitro
des prélèvements effectués une fois le diagnostic de cancer
après séparation des stéroïdes sexuels naturels des xénoes-
établi et présentent de ce fait une limitation importante
trogènes par chromatographie, Ibarluzea et al. pu
vis-à-vis de la période d'exposition véritable. Cohn et al.
mettre en évidence dans la région agricole de Grenade,
bénéficié de fac
¸on unique d'une collection de pré-
dans le cadre d'une étude prospective portant sur la graisse
lèvements sanguins effectués chez des jeunes accouchées
péritumorale, un risque de cancer du sein X5,47 lorsque
à partir de 1960 et du suivi prospectif de cette cohorte de
le marqueur global était élevé alors que le dosage des
femmes. Le pp'DDT a été dosé dans des sérums prélevés
16 pesticides organochlorés pris individuellement ne mon-
avant et après son interdiction et la période d'exposition
trait pas de corrélation significative
(l'âge de la femme) a été considérée. La courbe des
L'équipe argentine de Munoz-de-Toro démontre
valeurs de pp'DDT retrouvées suit, bien entendu, celle
également que la somme des pesticides organochlorés
de l'introduction, l'utilisation et l'interdiction du DDT aux
retrouvés dans la graisse péritumorale de femmes ménopau-
États-Unis. Mais de fac
¸on surprenante une corrélation très
sées présentant un cancer du sein ER␣ positif est corrélée
étroite est retrouvée entre l'importance de l'exposition au
strictement à l'expression tumorale des récepteurs à la
DDT pendant l'enfance et l'adolescence avant 20 ans et le
progestérone, ce qui atteste de l'estrogénicité de ces pesti-
risque de survenue de cancer du sein qu'une telle
cides, et également à l'agressivité tumorale, ce qui atteste
corrélation n'est plus retrouvée lorsque l'exposition a eu
du rôle promoteur délétère de la persistance de ces résidus
lieu après 20 ans. Cela n'est pas sans rappeler la particulière
organochlorés groupés L'association de deux PEE peut
sensibilité de la glande mammaire à se cancériser lorsqu'elle
conduire à des effets synergiques non prévisibles comme
est irradiée en période de développement pré- ou péripuber-
montré avec la dioxine et certains pesticides dont la combi-
naison entraîne sur des cellules de cancer du sein in vitro
L'importance de la fenêtre d'exposition, en particulier
une modification du métabolisme des estrogènes Aussi
de la période fœtale dans la programmation de patholo-
est-il nécessaire de mettre au point des tests in vitro afin
gies adultes et même éventuellement dans les générations
d'évaluer leurs effets en aval, soit sur les effets biologiques
suivantes, est aujourd'hui relativement bien documentée
comme la prolifération cellulaire soit sur l'expression de
L'expérience malheureuse du distilbène chez l'homme
gènes cibles.
reproduite chez les rongeurs illustre parfaitement cette
notion de programmation fœtale. Ainsi, l'exposition in utero
La susceptibilité individuelle
au distilbène a-t-elle été capable d'induire à l'âge adulte
la survenue de cancer du vagin chez la fille de
Le cancer du sein est bien entendu multifactoriel. Plusieurs
l'utérus chez la ratte risque persistant à la généra-
études épidémiologiques ont retrouvé une liaison avec le
tion suivante suggérant des modifications du génome soit
taux de PEE en stratifiant la population selon différents
de type épigénétique par une plus grande instabi-
facteurs de susceptibilité. Ainsi, une hypothèse alternative
lité génomique Concernant les filles exposées in utero
consiste à considérer que la présence de taux plus élevés
au distilbène prescrit à leur mère pour réduire le risque de
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Perturbateurs endocriniens environnementaux et cancers hormonodépendants
fausses couches, une étude prospective réalisée à Boston par
retrouvé aux État-Unis six fois plus de cancer du testicule
Palmer et al. en 2006, à partir d'une compa-
chez les ouvriers agricoles que dans la population témoin
raison portant sur 4821 femmes exposées et 2095 contrôles
en particulier ceux exposés à un pesticide organochloré
suivies pendant 19 ans, un risque majoré de développer un
l'atrazine encore très utilisé dans nos régions agricoles
cancer du sein à partir de 40 ans avec un R.R de 2,5 et un
de l'Ouest. Hardell et al. en Suède une étude
intervalle de confiance de 1,0—6,3 risque relatif qui
sur différents PEE mesurés chez les hommes atteints de can-
devient égal à 3 (1,01—8,98) après 50 ans. Ces différentes
cer du testicule et chez leur mère. Une corrélation forte est
observations suggèrent la vulnérabilité de l'exposition aux
retrouvée non pas avec les dosages sanguins des patients
estrogènes lors de la période fœtale pour le développe-
eux-mêmes mais avec les dosages maternels un
ment de la glande mammaire et donc le risque lié à une
risque multiplié par quatre avec la somme de PCB, l'HCB,
exposition éventuelle aux xénoestrogènes. Cette notion de
nonachlordane élevée et non le pp'DDE, un dérivé stable
programmation fœtale et/ou périnatale par exposition à des
du DTT anti-androgénique, suggérant le rôle de l'exposition
xénoestrogènes, d'une susceptibilité à développer à l'âge
fœtale in utero aux xénoestrogènes.
adulte une tumeur mammaire maligne, a été parfaitement
démontrée chez la souris exposée à des doses faibles de
Estrogénodépendance du cancer du testicule
bisphénol A En effet de telles souris soumises in
utero à des doses de 25 à 250 mg/kg par jour montrent
Mais le cancer du testicule est-il comme le cancer du sein
dès la période pubertaire et à l'âge adulte une altéra-
ou de la prostate estrogénodépendant ? Il s'agit d'une notion
tion du développement et de l'histoarchitecture de leurs
moins classique que pour le cancer du sein. En fait le sémi-
glandes mammaires Après la puberté, la proliféra-
nome, cancer du testicule le plus fréquent, exprime bien
tion cellulaire est exagérée dans le stroma et il existe une
l'aromatase, l'enzyme permettant la transformation de la
augmentation franche du développement des canaux, des
testostérone en estradiol et ces cellules expriment égale-
canaux terminaux, des bourgeons terminaux et des bour-
ment le récepteur des estrogènes ER mais non ER␣
geons alvéolaires avec sécrétion alvéolaire exagérée, tous
Malheureusement, contrairement au cancer de la prostate
ces changements étant associés à la carcinogenèse aussi
et du sein, il n'est pas possible d'induire chez les rongeurs
bien chez la souris que dans l'espèce humaine. Les mêmes
de cancer germinal testiculaire par exposition in utero ou
souris soumises aux mêmes doses de bisphénol A en période
périnatale à des xénoestrogènes. Il n'existe d'ailleurs aucun
périnatale montrent à la puberté une sensibilité exacerbée
modèle expérimental connu chez ces animaux permettant
de la glande mammaire aux estrogènes, une augmentation
d'induire un cancer testiculaire germinal ressemblant au
de la surface et du nombre des bourgeons terminaux rap-
séminome. Force est donc d'utiliser des lignées de cellules
portés à l'ensemble des structures canalaires, avec une
cancéreuses humaines. C'est ce que nous avons fait pour
diminution de leur activité apoptotique, une augmentation
démontrer que les estrogènes étaient capables de régu-
du nombre de cellules épithéliales exprimant le récepteur
ler la prolifération des cellules séminomateuses humaines
à la progestérone une augmentation des ramifications
in vitro L'estradiol, l'estrogène naturel, exerce sur
canalaires latérales et donc de leur densité ; tous ces élé-
les cellules séminomateuses un effet suppresseur sur la
ments évoquent une augmentation de la susceptibilité à
prolifération qui est médié par le récepteur nucléaire clas-
développer un cancer aussi bien chez la souris que dans
sique ER. L'estradiol couplé à la sérum albumine bovine ne
l'espèce humaine. L'atrazine, un pesticide organochloré très
traversant pas la membrane, en revanche, stimule la prolifé-
utilisé dans l'agriculture, est également capable d'induire
ration des cellules cancéreuses germinales via un récepteur
chez le rat par exposition maternelle des lésions mammaires
membranaire couplé aux protéines G. Il existe donc au moins
deux mécanismes différents par lesquels des xénoestrogènes
peuvent réguler les cellules séminomateuses. Nous avons
ainsi testé sur ce modèle différents PEE (DES, atrazine, bis-
Le cancer germinal testiculaire
phénol A) et constaté que leur mode d'action prédominant
et donc la résultante en termes de contrôle de la proliféra-
tion des cellules malignes testiculaires était variable.
Le cancer germinal testiculaire ne représente que 2 % de tous
Bisphénol A et cancer germinal testiculaire
les cancers mais c'est le cancer le plus fréquent de l'homme
jeune. C'est aussi la principale cause d'autoconservation
Ainsi, le bisphénol A est capable à dose très faible
dans les banques de spermes Centre d'étude et de conser-
correspondant aux doses retrouvées dans le sang
vation des oeufs et du sperme (CECOS), en raison de ses
du cordon des nouveau-nés garc
¸ons de l'ordre du
traitements stérilisants (chirurgie, radiochimiothérapie) et
nanomolaire (nM), de stimuler la prolifération des cellules
surtout il est en constante augmentation à travers le monde,
séminomateuses humaines in vitro, via le récepteur mem-
augmentation estimée à 2 à 3 % par an Bien que cette
branaire couplé aux protéines G, GPER ou appelé aussi
augmentation reste inexpliquée, ses liens avec la cryptor-
GPR30 différent de ER La courbe dose/réponse n'est
chidie ou non-descente testiculaire et la stérilité masculine
pas linéaire mais en U renversé témoignant d'une double
dans le cadre du syndrome de dysgénésie testiculaire
action du bisphénol A selon la dose et via les deux récepteurs
les résultats de plusieurs études épidémiologiques suggèrent
totalement distincts évoqués précédemment à faibles
un lien avec l'exposition in utero aux PEE favorisant la trans-
doses relevantes sur le plan environnemental, le bisphénol A
formation maligne des cellules germinales souches fœtales
exerce une action promotrice via le récepteur membranaire
(les gonocytes) dont ces cancers sont issus Ainsi, il a été
GPRE À fortes doses, il agit sur le récepteur clas-
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Figure 2.
Le bisphénol A stimule la prolifération des cellules séminomateuses humaines JKT-1, à faibles doses de l'ordre du nanomolaire
(nM) : noter que la courbe dose /réponse n'est pas linéaire mais en U renversé, lié vraisemblablement à une action différente du BPA selon
la concentration.
sique ER et exerce alors de fac¸on prédominante une action
testostérone et une plus forte aromatisation des androgènes
opposée suppressive Les doses faibles promotrices sont
en estrogènes chez l'homme vieillissant
celles capables chez la souris par exposition in utero de pro-
Pour illustrer le rôle de l'exposition aux PEE, un article
grammer la capacité de développer à l'âge adulte des lésions
très frappant a été publié cette année dans une grande revue
cancéreuses mammaires prostatiques
de cancérologie rapportant l'implication vraisemblable de
évoquées dans le paragraphe suivant.
la chlordecone dans l'augmentation du cancer de la pros-
tate aux Antilles franc
¸aises La chlordecone ou kepone
est un pesticide organochloré qui a été largement utilisé
Le cancer de la prostate
dans les Antilles franc
¸aises de 1973 à 1993 dans les bana-
neraies. Sa dégradation étant très lente, elle persiste dans
les nappes phréatiques pendant plusieurs décennies. Chez
les rongeurs elle est considérée comme un carcinogène et
Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers de
induit le cancer du foie. Chez l'homme elle a donné lieu à
l'homme de plus de 50 ans et la deuxième cause de mortalité
un débat houleux et contradictoire pendant plus de dix ans
masculine par cancer. Son incidence continue à croître indé-
sur sa responsabilité dans la fréquence et l'augmentation
pendamment de l'âge Malgré un meilleur dépistage et
de l'incidence du cancer de la prostate en Guadeloupe et
de meilleurs traitements, sa mortalité reste élevée lorsque
en Martinique certains se réfugiant pendant longtemps
la phase d'androgénodépendance est dépassée. Parmi les
derrière le fait que le cancer de la prostate était plus fré-
facteurs de risque, seuls des facteurs génétiques (familial
quent chez l'homme d'origine africaine comparé à d'autres
et ethnique) et nutritionnels (régime riche en graisses) sont
ethnies Cette étude d'exposition cas/contrôle menée
bien identifiés mais une forte suspicion existe à présent vis-
par des épidémiologistes, des urologues et des toxicologues
dans une zone géographique limitée avec une exposition
La prostate est classiquement androgénodépendante et
contrôlée, a permis de vérifier le risque lié à l'exposition
se développe sous l'effet des androgènes à partir de la
à la chlordecone, indépendamment de l'origine ethnique et
puberté. L'androgénodépendance du cancer de la prostate,
d'autres biais statistiques ou facteurs confondants. Ainsi,
en tout cas dans sa phase initiale, est à la base du trai-
le risque est d'autant plus élevé que le taux sanguin est
tement anti-hormonal. Mais le rôle additif des estrogènes
haut, corrélation d'autant plus forte que l'homme a plus
dans le développement de la prostate normale et cancé-
de 60 ans, une histoire familiale de cancer de la prostate
reuse est de plus en plus argumenté. La prostate exprime
ou un séjour prolongé en métropole (rôle de l'alimentation
l'aromatase et les récepteurs des estrogènes ER␣ et ER
riche en graisses) et un polymorphisme génétique concer-
la localisation et le rôle fonctionnel diffèrent. Les
nant la chlordecone reductase, une enzyme impliquée dans
estrogènes maternels au troisième trimestre de la grossesse
sa dégradation, évoquant une susceptibilité individuelle. En
contribuent au développement de la prostate chez l'homme.
cas de cancer, l'indice d'agressivité tumorale est propor-
Les fils des mères traitées pendant leur grossesse par du
tionnel au taux sanguin de chlordecone
distilbène présentent à la naissance une hyperplasie de la
Modèles expérimentaux : des mécanismes
Le risque de cancer de la prostate et de sa gravité
n'est pas comme on pourrait le penser corrélé directe-
ment mais inversement au taux d'androgènes circulant. En
revanche, il existe une corrélation positive entre le taux
sanguin d'estradiol et le risque de survenue du cancer de la
utero et périnatale aux estrogènes, dont le distilbène et le
prostate qui pourrait expliquer en partie l'augmentation de
bisphénol A, entraîne chez les rongeurs à l'âge adulte des
sa fréquence avec l'âge étant donné une diminution de la
hyperplasies de la prostate et des lésions précancéreuses
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Perturbateurs endocriniens environnementaux et cancers hormonodépendants
L'exposition néonatale à l'estradiol entraîne chez le
oxygénés actifs délétères. Ces composés à pouvoir oxydant
rat à l'âge adulte des lésions précancéreuses Cette
pourraient via les radicaux libres théoriquement altérer le
exposition périnatale à l'estradiol ou au bisphénol A favo-
matériel génétique. Il a ainsi été postulé que les orga-
rise à l'âge adulte la susceptibilité à développer un cancer
nochlorés pouvaient orienter plus volontiers vers la voie
spontané ou après induction estrogénique Lors de
délétère 16-␣- et abaisser le rapport 2-hydroxyestrone/16-
l'échappement thérapeutique aux anti-androgènes dans le
␣-hydroxyestrone. Mais un éventuel effet mutagène par
cancer de la prostate devenant androgéno-indépendant,
cette voie n'a jamais été formellement démontré même
différents mécanismes physiopathologiques ont été évoqués
pour les estrogènes
dont la survenue de mutations somatiques du récepteur aux
Les xénoestrogènes peuvent agir par un effet promo-
androgènes Il a été montré dans certains de ces cas
teur tumoral en se liant alors aux récepteurs classiques
sur des cellules cancéreuses in vitro qu'elles devenaient
des estrogènes en agissant comme des agonistes ou des
sensibles aux bisphénol A via ce récepteur, muté favorisant
antagonistes. La plupart de ces xénoestrogènes ont cepen-
ainsi la prolifération tumorale.
dant une affinité pour ces récepteurs nucléaires, ER␣ et
La méthylation de l'ADN est une marque épigénétique
ER plus de 1000 fois plus faible l'estradiol, ce
impliquée dans l'initiation et la promotion des cancers
qui a fait douter de leur intervention effective et/ou de
Ho et Prins étudié chez le rat les modifications
leur véritable estrogénicité Leur taux peu élevé
épigénétiques induites dans la prostate adulte après exposi-
et leur faible affinité pourraient en partie être compensés
tion fœtale ou périnatale aux estrogènes et au bisphénol A.
par l'effet cocktail avec des synergies entre les molécules.
Ils ont retrouvé ainsi 50 séquences modifiées. Parmi celles-
Mais surtout il a été mis récemment que les PEE pouvaient
ci une séquence codant pour une enzyme particulièrement
agir également par l'intermédiaire d'autres récepteurs,
intéressante car impliquée dans le contrôle de la prolifé-
nucléaires ou membranaires Dans le modèle
ration, la phosphodiestérase4D4, enzyme dégradant l'AMP
des cellules séminomateuses humaines comme montré plus
cyclique. Ce gène est d'autant plus hypométhylé que la
haut, il n'y a pas de récepteur ER␣, et ER n'est pas impli-
protéine est surexprimée. Cette hypométhylation s'observe
qué pour l'action du bisphénol A. Le candidat pourrait être
très tôt avant l'âge adulte, avant toute lésion histologique
un récepteur membranaire couplé aux protéines G
et peut donc servir de biomarqueur précoce De fac
Le bisphénol A est également capable in vitro de neutra-
intéressante, ce gène est retrouvé également hypométhylé
liser sur des cellules cancéreuses humaines mammaires à
dans le cancer de la prostate humain. Le gène codant pour le
doses très faibles compatibles avec celles retrouvées dans
récepteur ER exerce dans la prostate, comme nous l'avons
le sang circulant dans les urines l'ordre du
vu pour le séminome, un rôle suppresseur tumoral Ce
nM comme pour les cellules séminomateuses, l'effet des
gène est retrouvé volontiers hyperméthylé au niveau de son
drogues chimiothérapiques habituellement utilisées dans
promoteur dans le cancer de la prostate avec extinction
ces cancers évolutifs Cette inhibition était retrou-
de l'expression de ce gène et disparition de l'effet sup-
vée aussi bien sur les cellules exprimant le récepteur ER␣
presseur. La réexpression après déméthylation de ce gène
ou ne l'exprimant pas, suggérant l'intervention d'autres
dans des cellules de cancer de la prostate in vitro, grâce à
des agents pharmacologiques inhibant les ADN méthyltrans-
Ainsi, le bisphénol A agit via le récepteur membranaire
férases (DNMTs), permet la reprise de l'effet suppresseur
aux estrogènes couplé aux protéines G, GPR30 appelé
tumoral pourrait donc être utilisé en thérapeutique.
à présent récepteur des estrogènes couplé aux protéines G
(GPER) exprimé sur plusieurs cancers hormonodépendants :
sein endomètre, ovaires testicule comme évo-
qué plus haut D'autres récepteurs nucléaires non
Mécanismes d'action des perturbateurs
classiques des estrogènes ont également été impliqués :
ERR␥ pour le bisphénol également pour le DES
Néanmoins, dans le modèle DES chez le rongeur, les effets
Une des questions majeures concernant l'hypothèse du rôle
induits par l'exposition fœtale ou périnatale ne sont pas
de l'exposition aux PEE dans l'induction des cancers hor-
reproduits en l'absence du récepteur classique ER␣, ce qui
monodépendants concerne leur(s) mécanisme(s) d'action.
semble suggérer son intervention. Il est vraisemblable que
Sont-ils réellement cocarcinogènes aux taux présents dans
les xénoestrogènes agissent sur un panel de récepteurs
l'environnement ? Sont-ils cytotoxiques, génotoxiques ou
sans exclure les récepteurs ERs et avec une affinité diffé-
épigénotoxiques ? Participent-ils à l'initiation tumorale ou
rente pour chacun selon leur configuration chimique (
simplement à la promotion tumorale ?
Les PEE peuvent également modifier les interactions de ces
Peu d'arguments militent en faveur d'une véritable
récepteurs entre eux comme rapporté par Ohtabe et al.
génotoxicité aux doses d'exposition en dehors de rares
pour la dioxine, leur récepteur AhR et le récepteur ER␣.
travaux sur le DES in vitro montrant des remaniements
Depuis une dizaine d'années, les concepts en cancérolo-
chromosomiques ne s'agit donc pas d'une action
gie ont évolué, ne faisant plus jouer aux mutations itératives
mutagène encore moins cytotoxique aux doses présentes
et aux remaniements chromosomiques un rôle exclusif dans
dans l'environnement d'où l'inadaptation de la toxicologie
l'initiation tumorale. Les modifications épigénétiques régu-
traditionnelle pour leur évaluation. Néanmoins, certains PEE
lant l'expression des gènes sont de plus en plus mises en
à activité estrogene-like sont métabolisés de fac
avant, en particulier celles touchant les gènes suppresseurs
à l'estradiol vers la voie du 2-hydroxyestrone, métabolite
de tumeur et les oncogènes. Ainsi, le contrôle de la méthy-
bénin et peu actif ou la voie du 16-␣-hydroxyestrone, un
lation des promoteurs des gènes et l'état de la chromatine,
estrogène puissant et produisant des dérivés métabolites
en particulier les modifications biochimiques des histones,
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semblent jouer un rôle essentiel y compris dans la transfor-
Le concept d'une programmation différentielle très
précoce au cours du développement par les hormones sté-
roïdes, estrogènes et/ou aux androgènes, est connu depuis
longtemps influant à la fois la structure et la fonction
de différents organes sexuellement différentiés dont le
cerveau. L'effet délétère d'une estrogénisation ou d'une
androgénisation précoce, anormale et asynchrone est connu
dans différentes situations pathologiques aussi bien dans
le monde animal qu'en clinique humaine. Mais c'est le
modèle du distilbène, un modèle expérimental humain
involontaire et dramatique, qui a suggéré un nouveau
schéma d'intervention des PEE qui, lors de l'exposition
in utero, induirait des modifications épigénétiques stables
ne touchant pas le génome mais susceptibles, à l'âge
adulte, de favoriser la transformation et/ou la promo-
tion tumorale associée à des mutations et/ou favorisant
alors des remaniements chromosomiques. Le distilbène
est un médicament donné aux femmes enceintes entre
les années 1955 et 1975 pour réduire le risque de fausses
couches ayant entraîné à la fois des anomalies de l'appareil
génital dans les deux sexes et la survenue de cancer
Figure 3.
Exposition fœtale aux perturbateurs endocriniens
(vagin, sein, testicule) chez les enfants devenus adultes
environnementaux et cancers hormono-dépendants : mécanismes
épigénétiques de l'empreinte environnementale.
C'est vraisemblablement en reproduisant les effets délé-
tères de l'exposition in utero au distilbène chez les rongeurs
que les premiers arguments en faveur de modifications
épigénétiques ont été pour la première fois décrites
Des arguments issus des études épidémiologiques du
pour les anomalies utérines induites chez la souris par
modèle expérimental humain d'exposition au distilbène,
exposition néonatale au distilbène et le gène de la lacto-
de l'expérimentation animale et des cultures de cellules
ferrine Plus récemment, Bromer et al. précisé
cancéreuses humaines in vitro soutiennent aujourd'hui
toujours pour le DES ces mécanismes pour l'induction du
la responsabilité des PEE à l'activité estrogénique dans
cancer de l'utérus chez la souris en précisant le devenir
l'induction des cancers hormonodépendants et orientent
du gène HOXA10,un facteur de transcription impliqué dans
les recherches à la fois cliniques et expérimentales en
le développement utérin, dont le promoteur est hypomé-
modifiant les conceptions toxicologiques et carcinologiques
thylé lors de l'exposition in utero entraînant une mémoire
traditionnelles. Une attention particulière doit à présent se
épigénétique altérée se traduisant à l'âge adulte par une
porter sur les expositions dans des périodes critiques de
surexpression du gène et une susceptibilité à développer
la vie en particulier fœtale, périnatale ou péripubertaire
un cancer de l'utérus. D'autres modifications épigénétiques
à des mélanges de substances y compris à faibles doses,
induites par l'exposition au distilbène ont été rapportées :
capables d'interférer entre elles, activant différents récep-
pour l'oncogène c-fos impliqué dans le contrôle de la pro-
teurs nucléaires ou membranaires, en tenant compte de la
lifération cellulaire et qui devient hypométhylé conduisant
susceptibilité génétique individuelle et entraînant des modi-
à sa surexpression l'utérus de souris adulte. Des
fications épigénétiques stables n'altérant pas le génome
anomalies épigénétiques induites du gène HOXA10 dans le
mais participant à distance au processus de cancérisation.
même modèle d'utérus de souris ont été rapportées avec
le bisphénol A le méthoxychlore, un pesticide orga-
nochloré Le bisphénol A induit dans la prostate après
exposition néonatale également des modifications épigéné-
tiques comme décrites plus haut. Il est possible que ces
L'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en rela-
modifications soient induites par l'action des PEE via les
tion avec cet article.
ADN méthyltransférases (DNMTs) les enzymes permettant la
méthylation des îlots CpG de l'ADN Il est vraisemblable
qu'elles impliquent à la fois une action via les récepteurs
classiques des estrogènes ERs et/ou d'autres récepteurs
[1] Institut national de veille sanitaire : projections de l'incidence
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Source: http://wiki.epidemium.cc/images/f/fd/Perturbateurs_endocriniens_et_K_hormono-d%C3%A9pendants.pdf
Barriers to rheumatoid arthritis treatment access in europe
A Survey of Barriers to Treatment Access in Rheumatoid Arthritis Country Annex Report: Argentina August 2010 Barriers to RA treatment access across Latin America: Argentina Barriers to RA treatment access across Latin America: Argentina 1 Interviews Six respondents were interviewed in the Argentinean part of the study. Four of the respondents were doctors whilst two were patient representatives. All doctors were hospital based, three from public Hospital and one from a private Hospital. The two patient representatives were from an NGO which provides counsel to RA patients.
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©2011 Drs. L Rourke, D Leduc and J Rourke Revised July, 2011 Risk factors/Family history: Rourke Baby Record: Evidence-Based Infant/Child Health Maintenance GUIDE I: 0-1 mo NAME: Birth Day (d/m/yr): _ M [ ] F [ ] Gestational Age: Birth Length: cm Birth Wt: g Head Circ: cm Discharge Wt: g DATE OF VISIT within 1 week 2 weeks (optional)